CAMPAGNE DE COMMERCILISATION DE L’ARACHIDE Les cultivateurs boycottent la Sonacos et refusent de vendre…

Mauvais départ de la campagne de commercialisation de l’arachide lancé hier 21 nombre. Pour cause, le refus des paysans du Bassin arachidier qui ont mis leur menace à exécution. Mieux, le président national du mouvement Aar sunu momel, Bachir Ba, a annoncé une plainte contre la Sonacos accusée de vouloir torpiller ladite campagne.
Chose promise, chose due ! Les paysans du bassin arachidier n’ont pas suivi l’Etat ni la Sonacos qui ont, officiellement, déclaré la campagne de commercialisation de l’arachide ouverte, ce lundi 21 novembre. Ils ont mis en exécution leur menace de boycotter le prix plancher de 275 francs le kilogramme fixé par le gouvernement dès l’ouverture de ladite campagne. Mieux, le président national du mouvement Aar sunu momel et Cie ont choisi le marché parallèle où ils vendent leurs graines à 400 frs le kilo.
Après avoir sillonné plusieurs localités du Saloum (Guinguinéo, Gossas, Nioro, Kaffrine, Fatick, Mbirkilane, Malem Hodar et Koungheul) et constaté partout le dynamisme du marché parallèle, Bassirou Ba demande aux paysans «de refuser de céder leurs graines à la Sonacos qui ne joue pas franc jeu avec eux, c’est pourquoi il a d’ailleurs appelé à la rétention de leurs productions et à ne pas tomber dans le piège de la Sonacos». A l’en croire, il n’est pas question pour eux de remplir les magasins de stockage de graines de l’huilier national.
Dans le même ordre d’idée, les responsables de l’organisation paysanne «Aar Sunu Moomél» ne décolèrent pas face à cette situation. Ils dénoncent le mutisme des autorités par rapport à la revalorisation du prix au producteur de l’arachide. «Les paysans souffrent beaucoup des mauvais prix de la graine, des exportations frauduleuses d’arachide vers l’étranger alors que le Sénégal en a plus besoin. Donc, les gouvernants devraient chercher à trouver des solutions à ces goulots d’étranglements plutôt que de mener des politiques les unes plus médiocres que les autres dans le secteur arachidier». Et Bassirou Ba de tirer sur le Dg de la Sonacos: «Modou Diagne Fada a déclaré que, pour obtenir un litre d’huile d’arachide, il faut plus de 3 Kg d’arachides en graines. Il a été démenti par les spécialistes du secteur car, contrairement à ce qu’il avance, avec trois kilos de graines c’est plutôt 2 litres qu’on peut obtenir. Sans compter d’autres produits dérivés. De plus, la plus grande partie de la production arachidière est destinée à l’exportation au moment où les paysans peinent à trouver les semences et les Sénégalais de bénéficier des produits de la Sonacos». Donc, poursuit-il, «il y a lieu de s’interroger sur les chiffres avancés par le Dg de la Sonacos». Sa conviction étant, «avec ces faux chiffres, une magouille pourrait être organisée pour se remplir les poches en avançant le prétexte d’un manque de graines pour augmenter davantage le prix de l’huile d’arachide par exemple».
…le COPEGA appelle à une vaste concertation pour éviter l’échec
La 7e édition du forum du collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachide s’est tenue, ce mardi 22 novembre, en présence des acteurs de la filière arachidière à Kaolack. La campagne de commercialisation arachidière 2022-2023 est encore partie avec son lot de problèmes. Pour cause, le prix du kilogramme de la graine fixé à 275 francs par l’Etat n’agrée pas totalement les acteurs du secteur.
Cet événement annuel interpelle tous les acteurs de la filière arachidière et activités connexes à réfléchir profondément, pendant deux journées d’échanges multiformes. Ce, sur les voies et moyens susceptibles de booster, non seulement la production, mais aussi et surtout la commercialisation de l’arachide et de ses dérivés au profit de tous les acteurs concernés. En effet, pour la présente campagne qui a officiellement démarrée ce mardi 21 novembre, le président du collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachide espère avoir une très bonne opération. Parce que les prix sur l’international sont favorables à la situation actuelle du Sénégal. Situation relative au prix de l’engrais qui était exorbitant avec d’autres facteurs exogènes tombés sur les producteurs. Même chose sur le marché de la consommation mondiale avec les produits alimentaires qui ont connu des prix exponentiels.
Cette année, le prolongement de l’hivernage (6 mois au lieu des 4 mois habituels) n’est pas favorable aux producteurs, selon Habib Thiam. Il invite ainsi l’Etat à aider les producteurs à améliorer la quantité de leurs productions et les accompagner dans le cadre de la commercialisation, en acheter l’arachide à un prix convenable. Par conséquent, M. Thiam projette l’atteinte d’un taux d’exportation 80% des graines d’arachide pour l’année 2022-2023, en attendant les statistiques officielles. Pour ce qui est de l’année dernière, l’objectif d’exportation était approximativement à 275 000 tonnes de graines d’arachide. Un objectif donc atteint.
Se prononçant sur le coût du fred, Habib Thiam souligne que ce dernier s’est bien stabilisé contrairement à l’année dernière où les exportateurs ont eu à traverser de difficiles moments. Pour cette raison, les acteurs de la filière sont en train de discuter pour trouver le juste milieu afin qu’il ait une compétitivité sur le plan international. L’objectif étant d’arriver à une augmentation considérable de revenus pour les producteurs. Toutefois, seules des concertations peuvent éviter une mauvaise campagne de commercialisation arachidière. Et pour ce faire, le président du COPEGA espère que l’autorité aura la bonne oreille pour pouvoir décider d’une organisation équilibrée pour que tout le monde y retrouve son compte.