ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2024: Idrissa Seck dauphin ou adversaire ?

Le Conseil présidentiel sur le développement de Thiès aura été marqué par le message énigmatique du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Idrissa Seck. «Que le Seigneur des mondes continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit, pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel, d’une telle beauté, qu’il n’y aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité», a déclaré l’ancien maire de Thiès. Une intervention aussi nuancée que fructueuse pour se remettre en selle ?

Un dauphin par défaut ?

Tout en évitant de commettre l’erreur du porte-parole du Parti socialiste, Abdoulaye Wilane, qui a clairement exprimé son opposition à un troisième mandat du président de la République, Macky Sall, avant de rectifier le tir sous la pression de ses camarades et des alliés, Idrissa Seck n’a pas emprunté la voie prise par l’ex-chef du gouvernement, Mimi Touré qui, par frustration et dépit, engage aujourd’hui le combat contre une troisième candidature de Macky Sall à la magistrature suprême. Tout en incarnant l’institution de la cinquième personnalité de l’Etat, Idrissa Seck a diplomatiquement, de manière subtile et publiquement, demandé au Président Macky Sall de renoncer à se présenter en 2024, pour sortir par la grande porte.

Par cette posture, il est clair qu’il se positionne en dauphin du président de la République qui n’a pas un vaste éventail de choix dans son camp pour trouver un «Plan B». Un schéma envisageable aujourd’hui, surtout que le Premier ministre Amadou Bâ, considéré comme le candidat des Partenaire techniques et financiers (PTF), ne semble pas convaincre la majorité présidentielle, encore moins l’électorat sénégalais.

Un sérieux adversaire

De la même manière, il se retrouvera en lice, s’il est viré par le Maître du jeu politique, Macky Sall. Analysé sous ce rapport, comme avec Me Abdoulaye Wade, le président du CESE, Idrissa Seck, deviendra, non seulement un adversaire sérieux, mais aussi un potentiel allié de l’actuel leader de l’opposition, Ousmane Sonko, en cas de second tour à la prochaine Présidentielle.

Mieux, si dans l’offensive politico-judiciaire menée contre Sonko, ce dernier est recalé, Idrissa Seck pourrait devenir le candidat de l’opposition «par défaut» et aura toutes les chances de succéder à Macky Sall.

Macky lui est redevable

Il faut rappeler que juste après l’élection présidentielle de 2012, Idrissa Seck avait accepté d’être l’invité du président de l’APR à la cérémonie d’investiture qui avait fait de Macky Sall le candidat de la coalition qui allait être vainqueur du scrutin. «Parce qu’il m’a invité et qu’au-delà des divergences qu’on a pu avoir dans le passé, nous sommes tous les deux déterminés à faire partir le Président Wade», avait indiqué M. Seck sur les ondes de RFI. Mieux, ce dernier a tenu sa promesse en soutenant Macky Sall au second tour. «J’ai déjà dit clairement, et sans attendre de négociations, que quel que soit le candidat de l’opposition qui se trouvera en face du représentant issu du camp présidentiel, il aura mon soutien», avait-il ajouté.

Et au second tour, face à la presse, Idrissa Seck a annoncé, le vendredi soir, soit deux jours seulement avant le vote, sa décision d’apporter un soutien «sans condition, ni discussion préalable et encore moins de marchandage».

Suite à l’accueil triomphal qui lui a été réservé dans la capitale du Rail, faisant face à la presse, avec Idrissa Seck à ses côtés, le chef de l’Etat, Macky Sall, a déclaré «qu’à Thiès, le Mbourou Ak Sow marche très bien». Un autre signal assez fort pour dissuader les responsables de l’APR qui seraient tentés de s’attaquer au président du CESE et ancien maire de la ville de Thiès.