MOUSSA BOCAR THIAM: Un avocat qui instruit à charge!

« Il ne faut pas confondre liberté de la presse et l’anarchie »
Ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique, Moussa Bocar Thiam demande aux jeunes reporters de se mobiliser pour l’amélioration de leurs conditions de travail et non de soutenir Pape Alé Niang qu’il assimile à un politicien.
Le ministre de la Communication, des Télécommunication et de l’Economie numérique était, samedi dernier à l’Assemblée nationale pour défendre son budget de l’année 2023. Mais les débats ont été plus accentués sur la liberté d’expression qui, selon les députés de l’opposition est « en danger » au Sénégal et l’affaire Pape Alé Niang du nom de ce journaliste inculpé et placé sous mandat de dépôt pour entre autres infractions divulgation de secret militaire. Répondant aux différentes interpellations des parlementaires, le ministre Moussa Bocar Thiam a d’emblée soutenu, pour le rappeler que tous les textes du Sénégal garantissent la liberté de la presse. « Il n’y a pas un pays où les libertés de la presse sont plus respectées que le Sénégal. Ça, c’est une réalité », a martelé l’ex Agent judiciaire de l’Etat. Avant d’ajouter : « Il ne faut pas confondre liberté de la presse et anarchie ».
A en croire le ministre, au Sénégal, tous les corps de métier sont réglementés. Etayant ses propos, il cite plusieurs métiers. « Le métier d’avocat est une profession libérale mais l’avocat ne peut pas se permettre de faire tout ce que bon lui semble. Il y a un ordre qui le surveille et tout ce qu’il fait doit être en conformité avec les textes de lois et règlements. Idem pour les médecins parce qu’il y a l’ordre des médecins qui est là pour surveiller. C’est pareil pour les notaires et les huissiers », a-t-il expliqué.
Très en verve, il renchérit : « de la même manière, les journalistes sont soumis au droit comme tous les Sénégalais. Les journalistes ont un ordre qui s’appelle le Cored qui contrôle et surveille ce que font les journalistes. Il est dirigé par les journalistes. Ce n’est pas parce que vous êtes « journaliste d’investigation » que vous vous croyez tout permis. Une investigation qui nuit aux actions du pouvoir ce n’en est pas une. C’est plutôt de la manipulation ».
« Le combat des jeunes reporters, c’est de régler leur précarité »
Parlant de l’élan de solidarité des journalistes envers Pape Alé Niang, le ministre dit avoir constaté la mobilisation. Ce qu’il juge normal. Mais, prévient-il : « il ne faut pas confondre le combat d’une personne, qui a commis une infraction le concernant uniquement. Tous les Sénégalais peuvent le juger. On n’a même pas besoin d’un tribunal pour juger le cas de Pape Alé Niang. Tous les Sénégalais ont été témoins, depuis des années, de l’entendre dire ce qu’il veut, en ternissant l’image du pays, ternir l’image de notre force de sécurité et de défense. Donc, il est le seul responsable des infractions qui lui ont été imputées ». Selon lui, le combat de Pape Alé n’est pas le combat de tous les journalistes. Mieux, il pense que les jeunes reporters ont un autre combat plus pressant à porter que de soutenir Pape Alé Niang. Il a laissé entendre que les jeunes reporters ne devraient pas se mobiliser pour réclamer la libération de ce dernier. « Le combat des jeunes reporters, c’est de régler la précarité dans laquelle ils sont aujourd’hui. C’est cela qui doit être leur combat mais pas défendre quelqu’un qui n’a même pas la carte de la presse. C’est pour montrer qu’il est plutôt dans la politique ». Il faut rappeler que le projet de budget du ministère de la Communication s’élève à 113 331 136 685 francs CFA en autorisation d’engagement et à 34 189 116 685 francs CFA en crédits de Paiement.